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Relecture de l’article : « Sa foi en l’humanité me donne du courage, aujourd’hui plus que jamais » (Richard Malka, avocat)

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Nos rédacteurs ont vu un article sur internet dont la thématique est «la justice».

Son titre (« Sa foi en l’humanité me donne du courage, aujourd’hui plus que jamais » (Richard Malka, avocat)) récapitule tout le texte.

Annoncé sous la signature «d’anonymat
», l’éditorialiste est reconnu comme quelqu’un de sérieux pour plusieurs autres textes qu’il a publiés sur le web.

Vous pouvez ainsi faire confiance à cette actualité.

L’encart a été divulgué à une date notée 2024-02-10 21:15:00.

Voilà lle « papier » :

J’ai retrouvé la photo. C’était en 2014, très exactement le 6 novembre. Le soleil du Maroc le gênait et il m’avait emprunté ma casquette des New York Yankees. Robert Badinter portait ma casquette, à 86 ans, et nous avions des jours, devant nous, pour parler. Enfin, c’est surtout lui qui parlait. Moi je l’écoutais, je l’interrogeais, je m’en nourrissais. Je n’aurais pas échangé ce moment contre 1 000 médailles. C’est rare de prêter son couvre-chef à un héros de son Olympe. J’étais si fier.

Robert Badinter, le père de l’abolition de la peine de mort, est décédé

Tu sauveras des têtes, lui dit sa destinée

Il parlait de l’abolition, mais ce combat était gagné et il n’était pas de ces hommes qui se reposent sur des lauriers. Il poursuivait son combat pour les suppliciés de Chine, d’Iran ou d’Amérique. Pour cet homme des Lumières, il y aurait toujours des recoins d’obscurité à affronter : la condition carcérale, le fanatisme, le droit des victimes, l’éternel combat pour les libertés toujours menacées sous de bons prétextes sécuritaires ou protecteurs. Pour moi, il était un berger destiné à guider les âmes humaines vers la raison, la tempérance, le savoir, le progrès de l’esprit, la liberté, si inconfortable soit-elle.

Cette destinée n’était pas forcément son souhait mais c’était ainsi. On avait décidé pour lui. Les centaines de générations qui l’avaient précédé avaient constitué les fils d’une histoire qui, un millénaire après l’autre, avait dû se muer en brins d’ADN de berger. La preuve ? Il avait commencé brillant avocat du cinéma, civiliste, créant le plus fameux des cabinets d’avocats d’affaires, mais sa mission l’a rattrapé.

Tu sauveras des têtes, lui dit sa destinée. Cet ADN venait de Bessarabie, une province peuplée de Juifs souvent misérables, vivant dans des shtetl, dans l’Empire russe. Son grand-père était tailleur, sa grand-mère ne savait pas lire. Robert m’a demandé de raconter cette histoire en bande dessinée. Il voulait qu’elle soit transmise aux plus jeunes. Il y tenait afin que ne reviennent jamais les démons qui lui avaient enlevé son père et son oncle pour les envoyer dans les camps. Ça n’a pas suffi. Les démons sont revenus. Ils n’auront pas le dernier mot. Sa foi en l’humanité me donne du courage, aujourd’hui plus que jamais. Klaus Barbie, qui avait fait déporter son père, n’a pas eu le dernier mot. Ministre de la Justice, Robert organisa son procès.

À la tribune de l’Assemblée nationale lors du débat sur le projet de loi d’abolition de la peine de mort, le 17 septembre 1981.

À la tribune de l’Assemblée nationale lors du débat sur le projet de loi d’abolition de la peine de mort, le 17 septembre 1981.

Ses grands-parents Idiss et Schulim ont fui les pogroms, le massacre de Kichinev en particulier. Robert évoquait cette ville comme si elle était aussi célèbre que Rome et moi je n’en avais jamais entendu parler, mais je faisais semblant – et j’allais m’instruire. La plupart des Juifs choisissaient l’Amérique, certains la Palestine mais ces grands-parents optèrent pour la France, dont ils ne connaissaient rien sinon que c’était la patrie de « Victor Iougo » et des « droits des hommes ». Heureux comme un Juif en France, disait-on à quelques années du Vél’d’Hiv. Dans une de mes bulles, je faisais dire à ses grands-parents, après leur installation à Paris, qu’ils aimaient la France. C’est l’une des seules corrections que Robert a apportée au texte. « Non ! Pas la France, Richard : la république ! La France, c’était plus compliqué… » me confia-t-il.

Robert Badinter vouait un culte à Victor Hugo

Robert vouait un culte à Victor Hugo. L’homme du Panthéon avait joué un rôle dans le choix de la France par ses grands-parents et Robert a épousé sa cause abolitionniste. Y a-t-il un lien entre les deux ? Je n’en sais rien. Ce que je sais, c’est qu’Hugo et lui ont choisi les Lumières. Celles de Cesare Beccaria, qui militait, au milieu du XVIIIe siècle, pour remplacer la peine de mort par la perpétuité. La véritable révolution est antérieure à la Révolution. En quelques années, au siècle des Lumières, les hommes se sont mis à rêver de l’abolition de l’esclavage, de l’égalité pour les Juifs et pour les femmes, de la liberté d’expression et d’une idée stupéfiante pour l’époque : les droits de l’homme… Alors ils ont inventé l’universalisme. Robert Badinter en était le prodige. Sa révolution, c’était Condorcet plutôt que Robespierre, plume plutôt que guillotine, état de droit plutôt que justice révolutionnaire, nuance plutôt que simplisme. Alors il fit aussi abolir les discriminations légales touchant les homosexuels. Tous égaux en droit. La République ne fait aucune différence entre ses enfants, martelait-il. Et il préféra un Papon libre qu’un vieux malade enfermé. L’humanisme devait toujours triompher même au bénéfice des pires. Il n’était pas homme à transiger avec les principes. Mais il savait que l’humanisme était un combat, pas une naïveté et il le défendait parfois avec colère, jamais avec haine. Il aurait pu être seul contre la terre entière pour défendre ses principes et tant pis si la foule lui criait sa haine. Ce fut souvent le cas alors qu’il ne faisait que sauver les vies de quelques-uns et la dignité de tous.

Il me racontait qu’enfant, sous l’Occupation, son frère et lui continuaient à truster les prix d’excellence. Alors même que la chasse aux Juifs faisait rage et qu’il aurait fallu se cacher. Je l’interrogeais sur ce miracle et il me répondait que les instituteurs ne badinaient pas avec la laïcité. Certains pouvaient être antisémites mais, à l’école, seul le mérite était sacré, pas les religions.

 Transmettre

Il était l’enfant d’un monde disparu, d’une langue oubliée, d’un peuple décimé et de l’école républicaine. Les générations qui l’ont précédé exigeaient de lui qu’il soit premier en tout. Qu’il fût deuxième, pour sa mère, Chifra devenu Charlotte, était inenvisageable. C’est ainsi qu’il a été formé à être berger. Car, évidemment, être avocat ne suffisait pas ; il fallait transmettre. Il était passionné par la vie du barreau dont il s’enquerra jusqu’au bout, mais il devait transmettre. Aussi devint-il agrégé et professeur de droit. Je n’ai jamais croisé un de ses élèves sans qu’il me fasse part de son émerveillement, des décennies plus tard, d’avoir assisté à ses cours. Transmettre par ses livres aussi, ses pièces de théâtre, son opéra, mis en scène par Olivier Py, son œuvre législative comme sénateur, sa jurisprudence au Conseil constitutionnel et les centaines de personnes qu’il recevait, inspirait et qui lui permettaient, par la même occasion, d’étancher sa curiosité des mouvements de l’époque.

Avec son épouse, Élisabeth Badinter au début des années 1990.

Avec son épouse, Élisabeth Badinter au début des années 1990.

Ses récits de François Mitterrand, Joseph Kessel, Michel Foucault avec lesquels il avait tant partagé étaient magiques et l’entendre parler de Clemenceau, de Blum, ou de la vie parlementaire sous la IIIe République ne l’était pas moins. Là encore, il transmettait. Parce qu’il croyait au progrès humain, sinon à quoi bon ? Il recevait dans son bureau où, sous verre, figurait la fameuse une de L’Aurore : le « J’accuse » de Zola. Il disait que c’était sa pièce originale préférée. Accuser pour défendre les Lumières, le droit, la justice, ce à quoi il croyait. Il était l’inlassable avocat des hommes et le procureur acharné de leurs mauvaises passions.

J’ai perdu depuis longtemps cette casquette noire avec des lettres blanches, mais ce que représente Robert Badinter ne cessera jamais de me guider, de nous guider et d’autres après nous. Il suffit de le décider.

* Richard Malka a adapté en bande dessinée « Idiss », le livre dans lequel Robert Badinter raconte l’histoire de sa famille.

Un hommage national place Vendôme

Pour la toute première fois, un président de la République rendra mercredi midi un hommage national depuis la place Vendôme, dans le 1er arrondissement de Paris.
En accord avec la famille de l’ancien président du Conseil constitutionnel, Emmanuel Macron prononcera un discours face à ce ministère de la Justice dont Robert Badinter a été l’un des plus illustres représentants (de 1981 à 1986). Un recueil de condoléances est déjà ouvert à la chancellerie jusqu’à ce soir. Lors de son discours, le chef de l’État devrait se prononcer sur une éventuelle entrée au Panthéon du père de l’abolition de la peine de mort. Vendredi, le locataire de l’Élysée a salué « une figure du siècle, une conscience républicaine, l’esprit français ».

Robert Badinter en quelques dates

30 mars 1928

Naissance à Paris.

9 février 1943

Rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon, durant laquelle son père est emmené sous ses yeux.

18 septembre 1981

Garde des Sceaux, il fait voter la loi abolissant la peine de mort.

4 août 1982

La loi dépénalisant l’homosexualité, votée le 27 juillet, entre en application.

9 février 2024

Décès à Paris.

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La Justice/Premiere partie,(la couverture) .

Un combat pour la justice,Ouvrage .