Cet article, dont le propos est « la justice », vient d’être découvert sur le web, notre rédaction est heureuse de vous en reproduire le contenu principal ici.
Le titre troublant (les conseils de trois professionnelles pour préparer son dépôt de plainte) est parlant.
L’éditorialiste (présenté sous la signature d’anonymat
) est reconnu comme quelqu’un de sérieux pour plusieurs autres papiers qu’il a publiés sur internet.
Les infos éditées sont en conséquence perçues conformes.
La date de publication est 2023-04-23 22:45:00.
Voilà ll’article :
« Menacées, culpabilisées, hyper traumatisées… » Pour les victimes de violences sexuelles, difficile de passer la porte du commissariat pour raconter ce qu’elles ont subi, constate au quotidien Muriel Salmona, psychiatre et fondatrice de l’association Mémoire traumatique et victimologie. « Tout s’oppose à ce qu’elles portent plainte », selon elle.
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Moins de 20 % de ces victimes parviennent à sauter le pas, selon les dernières enquêtes Cadre de vie et sécurité du ministère de la Justice. Et celles qui le font obtiennent rarement une condamnation de l’auteur. En 2016, 73 % des plaintes pour violences sexuelles ont été classées sans suite, selon les derniers chiffres mis à disposition par le ministère de la Justice, qui souligne tout de même des progrès ces dernières années.
Face à ce constat, « il faut préparer sa plainte », conseille Zoë Royaux, avocate pénaliste et porte-parole de la Fondation des femmes, qui lutte contre les violences faites aux femmes. Alors voici les conseils de trois professionnelles pour préparer au mieux son dépôt de plainte.
S’entourer de professionnels
Pour porter plainte, « il faut être accompagné par un avocat, des associations, des soins… S’engager sans soins, c’est la porte ouverte à la dépression grave et au suicide. C’est une machine à broyer », prévient Muriel Salmona.
Zoë Royaux insiste sur le droit des victimes à être assistées par un avocat lors du dépôt de plainte. « Si la victime le veut, elle peut être assistée. Notre présence permet de pallier l’absence de formation éventuelle de forces de l’ordre et de rattraper des maladresses, en reposant des questions à la fin », explique-t-elle.
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Identifier les faits qui amènent au dépôt de plainte
« Il faut bien définir de quoi on parle, aider la victime à l’identifier, poursuit l’avocate. Parfois, elle veut porter plainte pour une gifle mais il y a tout un contexte. Par exemple, les violences conjugales, ce sont des violences physiques, mais aussi psychologiques, verbales, sexuelles, parentales, économiques, administratives. »
Zoë Royaux se rappelle d’une femme venue porter plainte contre son mari, à Versailles (Yvelines) : « Elle venait le signaler car il avait été violent avec elle. Le policier était très à l’écoute. La victime a fini par raconter des faits de la veille et il lui a expliqué que c’était un viol. Elle ne venait pas pour ça, mais il a mis des mots sur ce qu’elle décrivait. » Mais tous les dépôts de plainte ne se passent pas ainsi. Alors l’avocate conseille de faire ce travail avant de se rendre devant les forces de l’ordre.
Noter des noms, des dates…
« Il faut rassembler sa mémoire », conseille aussi Zoë Royaux. On peut d’abord réfléchir à des noms de témoins ou de potentielles autres victimes. « Il faut penser aux personnes qui pourraient avoir assisté aux faits, ou qui auraient pu avoir reçu les confidences de la victime. Il peut être utile de communiquer aussi les noms des ex-compagnes de l’auteur des faits », explique l’avocate.
Lors du dépôt de plainte, les forces de l’ordre ont aussi besoin de dates. « La victime peut venir avec quelques notes et des repères chronologiques », suggère Zoë Royaux. « Car quand on est stressé on perd ses moyens et on peut oublier des choses », sait bien cette avocate.
Utiliser la plateforme Arrêtons les violences
Pour simplifier le dépôt de plainte, il est possible, depuis 2018, de passer par la plateforme en ligne Arrêtons les violences. Elle permet de signaler des violences sexuelles et sexistes, mêmes prescrites, 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, à l’aide d’un tchat (messagerie instantanée) disponible en 73 langues avec « des policiers spécialement formés », précise Violaine Phylis, capitaine de police et cheffe de cette plateforme nationale.
L’échange peut durer plusieurs heures. « C’est le temps qu’il faut à une personne pour libérer sa parole », explique la capitaine de police. Le tchat comporte un « bandeau de déconnexion d’urgence » et ne laisse « aucune trace de connexion sur le site ». « L’auteur des violences ne peut pas savoir que la personne s’est connectée », rassure Violaine Phylis.
Le policier qui reçoit cette parole peut envoyer une patrouille en urgence pour secourir des victimes, ou bien orienter la personne vers des professionnels près de chez elle et, si elle le souhaite, engager le dépôt de plainte. « Nous, on a déjà recueilli les propos de la personne sur le tchat. On va les adresser au service de police territorialement compétent. Il va rappeler la victime dans les sept à dix jours suivants pour fixer un rendez-vous. Du coup, ce jour-là, la personne sera tout de suite prise en charge par un policier spécialisé dans la matière et celui-ci aura déjà sa version », précise encore la capitaine. En 2022, environ 17 000 tchats ont été lancés sur cette plateforme.
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