La République démocratique du Timor-Leste adhère à la Convention de New York

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Le 17 janvier 2023, la République démocratique du Timor-Leste (« Timor-Leste ») est devenue la 172esd pays à adhérer à la Convention des Nations Unies pour la reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères de 1958 (la « Convention de New York »). Par la suite, conformément à l’article XII(2) de la convention, la Convention de New York est entrée en vigueur pour le Timor-Leste le 17 avril 2023.

Le Timor-Leste rejoint un certain nombre de pays de la région du Pacifique Sud qui ont adhéré à la Convention de New York, notamment l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les Îles Marshall, les Îles Cook, Fidji, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Palaosetc. Tonga.

Le système juridique du Timor-Leste est un mélange de lois indonésiennes, de lois adoptées par l’Administration transitoire des Nations Unies et de législation timoraise post-indépendance calquée sur le droit civil portugais. L’adhésion du Timor-Leste à la Convention est un développement historique qui devrait contribuer à harmoniser l’approche du pays en matière d’exécution de l’arbitrage et à améliorer la facilité de faire des affaires au Timor-Leste.

Arrière-plan

Le Timor-Leste est le plus jeune pays du Pacifique Sud, avec une population d’environ 1,3 million d’habitants. Depuis qu’il a déclaré son indépendance de l’occupation indonésienne en 2002, le pays a réalisé des progrès significatifs dans le développement de ses cadres institutionnels et de ses infrastructures publiques.

En tant qu’État côtier, l’une des priorités nationales du Timor-Leste après son indépendance a été d’établir des frontières maritimes permanentes avec ses voisins, l’Australie et l’Indonésie. À cette fin, elle a mené pendant de nombreuses années des négociations bilatérales avec l’Australie pour délimiter leurs frontières maritimes avant d’entamer en 2016 le tout premier processus de conciliation obligatoire au titre de l’Annexe V de la Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer, débouchant sur la signature du Traité de frontière maritime en 2018.

L’établissement de frontières maritimes a été essentiel au développement des ressources pétrolières et gazières du Timor-Leste. Les investissements du Timor-Leste dans ses ressources naturelles ont, à leur tour, encouragé la croissance du secteur privé dans le pays, en mettant l’accent sur l’augmentation de la productivité et des opportunités dans le secteur des affaires.

Arbitrage commercial au Timor-Leste

Avant 2021, le Timor-Leste ne disposait pas de loi sur l’arbitrage pour régir les procédures d’arbitrage se déroulant au Timor-Leste, ou l’exécution ou la reconnaissance des sentences arbitrales étrangères. En 2021, le Timor-Leste a adopté le Loi sur l’arbitrage volontairequi approuve l’adhésion à la Convention de New York et incarne la structure et les principes de la Loi type de la CNUDCI sur l’arbitrage commercial international de 1985 (« Loi type »).

Certains articles notables de la loi sur l’arbitrage volontaire sont :

  • Dispositions sur les procédures de nomination, d’acceptation et de récusation des arbitres (voir chapitres 2 et 3).
  • Exigence d’avoir des conventions d’arbitrage valides sous forme écrite uniquement (voir article 8).
  • Motifs d’annulation des sentences arbitraires (voir articles 60 et 61). Il convient de mentionner ici que les sentences arbitrales émanant d’arbitrages non-Timorais sont soumises à un processus de confirmation judiciaire distinct (voir article 69).
  • En principe, les tribunaux du Timor-Leste ne sont pas autorisés à intervenir dans les questions couvertes par la loi sur l’arbitrage volontaire, sauf dans les circonstances exceptionnelles énoncées dans la loi sur l’arbitrage volontaire (voir article 7).

La loi sur l’arbitrage volontaire s’applique aux procédures d’arbitrage engagées à partir du 1er avril 2021, y compris les procédures découlant de conventions d’arbitrage conclues avant cette date, et est également applicable aux arbitrages nationaux et internationaux ayant lieu au Timor-Leste. La Loi sur l’arbitrage volontaire s’applique également à la confirmation et à l’exécution de mesures provisoires et de sentences arbitrales étrangères, c’est-à-dire les sentences obtenues dans le cadre d’arbitrages internationaux siégeant en dehors du Timor-Leste (article 2).

Commentaire

L’accès du Timor-Leste à la Convention de New York démontre son attachement à l’ordre juridique mondial et sa volonté d’attirer les investissements internationaux. Il renforce le paysage de l’investissement au Timor-Leste, offrant une certitude aux investisseurs étrangers qui s’appuyaient auparavant sur la législation nationale timoraise pour faire appliquer les sentences arbitrales. Cela est particulièrement remarquable à la lumière de l’activité importante du Timor-Leste dans le secteur des ressources naturelles et du pétrole et du gaz, où l’arbitrage est une forme privilégiée de règlement des différends. La décision d’adhérer à la Convention de New York donnera donc confiance aux investisseurs et encouragera une plus grande participation des entreprises et d’une croissance tirée par le secteur privé.

L’adoption par le Timor-Leste de la Convention de New York rapproche également le Timor-Leste de la majorité de la région, ainsi que de ses principaux partenaires commerciaux, notamment l’Australie, l’Indonésie, Singapour, la Suisse, le Japon et la Malaisie.